Le Centre Alexandrin
d'Étude des Amphores

The Alexandrian Centre for Amphora Studies

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Fouilles

L'atelier d'amphores d'Apollônios
Mission 2013
1 Introduction
2.1 Structure hydraulique occidentale
2.2 Le kôm de rejet (secteur 1)
2.3 Le kôm de rejet (secteur 5)
2.4 Les briques
3 Conclusion
4 Bibliographie
   
   

 

Été 2012. Akademia. :
 la fouille de l’atelier d’amphores d’Apollônios

Jean-Yves Empereur

35 ans après ! L’été 2012 a vu se réaliser un vieux rêve : la fouille d’un atelier d’amphores sur la rive sud du lac Mariout. En 1977, j’avais commencé à prospecter autour du lac et à repérer de grands ateliers qui rythmaient le paysage de cette partie de la chôra alexandrine (1). Depuis, ils ont tous disparu, victime de la pelle des bulldozers dans une région qui s’est fortement urbanisée. Certains de ces dépotoirs d’amphores brisées constituaient des collines impressionnantes qui pouvaient atteindre 5.000 m2 sur une hauteur d’une vingtaine de mètres, soit des cubages qui les rendaient les plus importants du monde méditerranéen. Seul, à Rome, le Monte Testaccio les dépassait par sa taille, mais il s’agit d’un dépotoir de consommation et non de production.
Sur la rive actuelle du lac, un seul site subsiste avec trois petites collines de dépotoir d’amphores : le numéro 26 de notre catalogue d’il y a 35 ans (2) et, grâce à l’appui du Directeur général des Antiquités d’Alexandrie, le Dr. Mohamed Mustapha, le Centre d’Études Alexandrines et l’Ege Universitesi d’Izmir ont pu commencer une fouille de deux mois, depuis le début du mois de juillet 2012. Les opérations ont été dirigées par Valérie Pichot, archéologue de notre équipe, assistée d’Alexandre Beylier. La direction de l’étude du matériel était assurée par Kaan Senol, professeur à l’Université d’Izmir, assisté par 4 de ses étudiants.
akademia - le site

Fig. 1 : Le site d’Akademia avec l’une des trois collines-dépotoirs d’amphores.

AE4- Akademia

Fig. 2 : Un des sondages dans le plus grand dépotoir.

Alors que cette première campagne n’est pas terminée, les résultats sont pleins d’enseignement : les amphores sont de deux types, les Amphores Égyptiennes 3 et 4 (AE 3 et AE4), visiblement produites en même temps dans cet atelier, au cours du iie siècle après J.-C. : est-ce pour deux contenus différents ? Apparaissent aussi des amphores du type de Gaza (Late Roman Amphora 4). Pour ce dernier type, il s’agit d’une vieille histoire : Maurice Picon et moi-même en avions trouvé des exemplaires sur plusieurs sites de production et les analyses de Maurice Picon nous avaient amenés à en conclure que ces amphores étaient peut-être aussi produites en Maréotide. Nous étions revenus sur notre proposition, en supposant que lesdites amphores provenaient sans doute de l’est du Delta, voire du Sinaï, mais la fouille actuelle relance le débat jusqu’à des analyses probatoires.

AE4- Akademia

Fig. 3 : Une amphore du dépotoir sud : le type « A(mphore) É(gyptienne) » 4.

La fouille fournit une stratigraphie fort intéressante, avec l’alternance des couches de cendre, d’argile, d’amphores crues, d’amphores cuites, des supports et des bouchons, etc.
Les fouilleurs ont décelé les premières traces de fours.

Un autre enseignement majeur de cette fouille est la découverte de 14 timbres sur des cols d’amphores. Ils sortent tous de la même matrice et ils portent le nom Ἀπολωνίου (sic). J’avais publié un autre timbre d’un Apollônios avec la mention potier : Ἀπολλωνίου κεραμέως (3). Il provenait non pas de Maréotide, mais de Kôm el-Ahmar dans la Beheira. Il n’est pas sûr qu’il s’agisse du même personnage.

akademia - timbre

Fig. 4 : La découverte d’un des timbres sur col d’Apol(l)ônios.

Les comptages systématiques permettront d’estimer les quantités de vases en jeu dans un dépotoir de taille modeste et de les mettre en comparaison avec les chiffres fournis par les papyrus sur les contrats de location d’ateliers de poterie dans l’Égypte impériale.

La première campagne s’achèvera à la fin du mois d’août. En 2013, outre la poursuite de l’exploration de la colline, il conviendra de fouiller la zone d’un pressoir et les deux saqiehs voisines qui montaient l’eau du lac pour l’irrigation des vignes. Un beau programme pour la compréhension de ces grandes villas qui exploitaient la verte chôra alexandrine !


Notes :
(1) Pour des photos des ateliers en 1977, voir J.-Y. Empereur et M. Picon, "Les ateliers d'amphores du lac Mariout" in J.-Y. Empereur (éd.), Commerce et Artisanat dans l'Alexandrie hellénistique et romaine, Actes du Colloque d'Athènes 1988, BCH Suppl. 33, 1998, p. 75-91.
(2) Ibidem, p. 88.
(3) J.-Y. Empereur, « Quelques amphores égyptiennes impériales timbrées », Mélanges Daoud, Bulletin de la Société Archéologique d’Alexandrie, 45, 1993, p. 81-90.